Écrivain, Eric Fouassier est membre du jury du prix
Vedrarias de la nouvelle depuis 2001.
Il publie chez JC-Lattès, à la fois des
romans policiers historiques sous son nom et des romans de littérature générale
sous le pseudonyme d’Yves Magne. Mais c’est en écumant les concours de
nouvelles durant 5 ans qu’il a commencé à diffuser ses textes. Avec un succès certain,
puisqu’il y a glané une cinquantaine de prix environ. Aujourd’hui, il vous
livre ses 10 conseils pour devenir à votre tour un lauréat de concours de nouvelles.
Si vous êtes
auteur débutant et que vous n’êtes pas encore prêt à publier un livre entier,
pourquoi ne pas vous essayer à la nouvelle ? L’avantage de ce genre
littéraire, c’est que vous avez rapidement une œuvre aboutie et que vous n’avez
pas besoin de vous immerger dans votre travail d’écriture. C’est à la fois plus
satisfaisant pour quelqu’un qui débute et incontournable quand on mène en
parallèle une activité professionnelle prenante. Attention, toutefois, la
nouvelle est un genre exigeant ! Comme le disait Jean Vautrin :
« Dans la nouvelle, plus que dans
tout autre genre littéraire, l'auteur n'a pas le droit d'emmerder son lecteur ».
L’intérêt des concours de nouvelles
N’hésitez pas à
participer aux nombreux concours de nouvelles qui fleurissent un peu partout en
France. Ils présentent beaucoup d’avantages : ils permettent notamment
d’améliorer son écriture en obligeant à se plier à des contraintes de thèmes,
de longueur ; ils vous obligent à écrire régulièrement en respectant des dead lines (vous ne pouvez pas rester
des jours et des jours devant la page blanche en attendant que l’inspiration
vienne) ; ils vous donnent l’opportunité, si vous êtes distingué, de
commencer à diffuser vos textes en les publiant en revue ou dans des recueils
collectifs. Mais attention, il faut rester lucide ! La diffusion de ces
recueils collectifs ou des revues consacrées à la nouvelle reste très limitée,
voire confidentielle. C’est une première marche. Intéressante puisqu’elle vous
permet de toucher un premier lectorat. Mais insuffisante.
En fait, le
principal avantage des concours, c’est qu’ils vous permettent de faire des
rencontres et de nouer des amitiés : avec les organisateurs, avec d’autres
concurrents, avec les écrivains membres des jurys. Le monde de la nouvelle est
en effet beaucoup plus petit que celui du roman. Et c’est encore plus vrai pour
l’univers des concours de nouvelles. Pour peu que vous restiez « dans le
circuit » plusieurs années, vous finissez par connaître beaucoup de monde.
Cela peut être un bon moyen pour muscler votre CV et vous faire des relations.
Ces dernières pourront vous donner d’utiles conseils sur votre écriture, sur
les pièges à éviter pour entamer une carrière d’écrivain, sur les personnes à
contacter chez tel ou tel éditeur… Cela peut constituer une porte d’entrée vers
l’édition. La preuve : de nombreux lauréats du prix Vedrarias ont fini,
comme moi, par publier leurs livres chez des éditeurs ayant pignon sur rue.
Adopter une stratégie gagnante
Participer, c’est bien. Gagner, c’est mieux !
Voici donc mes 10 conseils pour mettre toutes les chances de votre côté :
I/ Privilégiez l'écriture de
courtes nouvelles. Pas plus de 5 à 10 pages (1500 signes par page). C'est en
effet le format standard exigé dans la plupart des concours.
II/ Soignez la présentation et surtout l'orthographe de
vos tapuscrits. Les jurys des concours renferment une proportion incroyable
d'enseignants qui traquent la moindre de vos fautes et en font souvent (trop
souvent ?) un critère rédhibitoire de sélection.
III/ Quand vous participez à un
concours à thème imposé, mieux vaut traiter franchement celui-ci que de tenter
de finasser. Je m'explique. La plupart du temps, ceux qui vont vous juger ont
une idée assez précise des textes qu'ils attendent et un traitement trop
singulier risque de les désorienter. En outre, si le concours débouche sur une
publication collective, un texte trop décalé risque d'être écarté car il
pourrait nuire à la cohérence de l'ensemble.
IV/ Toujours en ce qui concerne
les thèmes imposés, évitez de proposer des textes déjà écrits et bricolés tant
bien que mal pour coller à la contrainte du concours. Evidemment, ça peut
marcher, mais le plus souvent cela sent trop l'artifice. En outre, se plier aux
exigences du règlement est la meilleure façon de s'améliorer, de sortir de ses
habitudes d'écriture.
V/ Dans la mesure du possible,
avant de participer à un concours, essayez de lire les textes primés les années
précédentes (disponibles parfois en revue, sous forme de recueil ou sur
Internet), ou les livres des membres du jury si celui-ci comprend des écrivains.
Cela vous éclairera sur les goûts du jury et l'esprit du concours.
VI/ Variez vos sujets et
n’appliquez pas toujours la même recette, même si elle vous a déjà valu
quelques succès. Sur le court terme, cela peut passer. Mais, à la longue, le
monde de la nouvelle étant quand même assez petit, vous finirez par vous
décrédibiliser.
VII/ Privilégiez les concours à forte notoriété vous
permettant de rencontrer des écrivains reconnus ou qui débouchent sur une vraie
publication. Vous ferez ainsi d'une pierre deux coups.
VIII/ Ecartez les concours pour
lesquels les droits de participation sont excessifs (une somme de dix euros me
paraît être un maximum). Vous éviterez ainsi de tomber dans de véritables
arnaques : les concours bidon avec récompenses en chocolat, diplômes et
médailles, où les mêmes acolytes s'auto-congratulent d'année en année.
IX/ Participez à plusieurs
concours à la fois, mais avec des nouvelles différentes. Vous augmentez ainsi
vos chances de succès, tout en aiguisant votre plume et en évitant une trop
grosse déconvenue en cas d'échec. C'est bon pour le moral d'avoir toujours un
fer au feu !
X/ Gardez en tête la relativité
de ce genre de compétition. Ce n'est pas parce que vous avez été écarté du
palmarès que, nécessairement, votre texte ne vaut rien (c’est même fréquemment
en dehors du podium qu’on trouve les textes les plus originaux qui ne pouvaient
rallier la majorité des suffrages). A l'inverse, ce n'est pas parce que vous
avez gagné que votre nouvelle était forcément la meilleure. Elle a simplement
su toucher quelques personnes au bon moment et ce n'est déjà pas si mal.
L’essentiel reste, bien
entendu, d'écrire des nouvelles de qualité. Pour cela, efforcez-vous de rester
sincère à la fois dans la forme et sur le fond. Ne cherchez pas à imiter, ne
cédez pas aux effets de mode, évitez les sujets bateaux ou racoleurs.
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